Position écolo suite aux propositions de la ministre Milquet

Bruxelles, le 9 mars 2010

Pas d’accord au sein de la majorité sur la révision de la politique de chasse aux chômeurs

La majorité a choisi de ne pas choisir et poursuit sa politique inefficace et socialement catastrophique

Ce mardi 9 mars, une évaluation de la politique d’activation des chômeurs a été réalisée en commission « affaires sociales » de la Chambre. Malgré le désastre social provoqué, le gouvernement n’a pas réussi à s’accorder pour réformer cette politique.

Face aux nombreuses critiques, émanant notamment de plusieurs conseils communaux, et vu le contexte de crise actuel qui laisse émerger peu d’offres d’emploi, les partenaires de la majorité fédérale avaient enfin décidé de réagir en organisant aujourd’hui l’évaluation que nous demandons depuis longtemps. Cette évaluation n’a débouché sur aucune mesure corrective, légitiment espérée, faute d’accord au sein du gouvernement.

La politique d’activation des chômeurs a été mise en place par la majorité violette en 2004. Cette politique a rapidement transformé l’accompagnement des demandeurs d’emploi et la lutte, essentielle, contre le chômage et en une chasse éhontée, aboutissant à l’exclusion du chômage d’un grand nombre des demandeurs d’emploi et à une diminution artificielle des chiffres du chômage. Plusieurs points noirs du plan sont ainsi rapidement apparus :

– 1) Il apparait clairement que ce sont les plus faibles qui sont dans une très large majorité victimes de ces exclusions : les familles et isolés avec les qualifications les plus faibles, les personnes souffrant d’analphabétisme ou de problèmes sociaux et de santé importants. En somme, ces exclusions touchent les plus précarisés des précarisés.

– 2) Une série de sanctions apparaissent comme tout simplement surréalistes. Citons ainsi à titre d’exemple :

· les demandeurs d’emploi qui sont exclus parce qu’ils ne seprésentent pas pour une place pour laquelle ils ne sont pas qualifiés,

· les personnes ne sachant ni lire ni écrire, ne possédant ni cv ni lettre de motivation qui sont pourtant obligées de répondre à 3 offres d’emploi par mois sans que ne leur soit proposé de réaliser un CV et une lettre de motivation avec l’aide du Forem, d’Actiris ou du VDAB,

· …

– 3) Pour les facilitateurs de l’Onem, il manque de balises claires afin d’appliquer le plan d’activation. A côté de la législation unique, on trouve en effet des directives transversales, voire des notes de services qui peuvent profondément varier selon les différents bureaux de l’Onem. En conséquence de cela, apparaissent des différences inacceptables dans le traitement des demandeurs d’emploi. Sans remettre en cause la nécessaire prise en compte de la situation individuelle des demandeurs d’emploi ainsi que de la situation de l’emploi au sein des sous-régions, une clarification de divers points de la législation est urgente.

– 4) Malgré le budget très important qui lui est consacré, l’efficacité du plan d’activation des chômeurs, en termes de création d’emploi est par ailleurs discutable.

Une étude réalisée par la KUL et l’ULB montre que les sanctions, et en particulier les exclusions définitives prévues par le plan d’activation, poussent les personnes à se retirer du marché du travail et empêchent donc ces dernières de bénéficier des mesures de mise à l’emploi. Si on se focalise sur les cas d’exclusion définitive via le plan d’activation, il apparait que près d’un demandeur d’emploi sur deux disparait du marché du travail.

– 5) Une proportion importante de sanctionnés affluent directement vers les CPAS Dès lors, le nombre absolu de personnes qui ont demandé l’aide des CPAS a littéralement explosé ces derniers temps. En 2008, 2637 personnes ont du bénéficier du CPAS suite à une sanction de l’ONEM. Cela correspond à 7,2% du nombre total des bénéficiaires du revenu d’intégration en Wallonie. Dans ce cadre, la charge financière pesant sur les CPAS serait alors pour 2008 de plus de 18 millions d’euros. Le gouvernement semble prôner à cet égard la substitution d’une partie de sa politique de l’emploi par une politique d’aide sociale et d’assistance.

Pour Ecolo, il était urgent de prendre des mesures afin de mettre fin à cette politique de chasse aux chômeurs inefficace et socialement catastrophique tout en faisant du soutien à la recherche d’un emploi une priorité. Ecolo demande notamment un renforcement des moyens mis en place par les Régions pour un réel accompagnement personnalisé et des formations de qualité. Pour les écologistes, la recherche d’un emploi doit également être rendue gratuite.

Malgré l’urgence sociale, la majorité fédérale a choisi de ne pas choisir aujourd’hui. Sur un sujet aussi fondamental, ça en devient inquiétant.

Zoé Genot

Députée fédérale

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