Le Forem convoque la chômeuse APRES le contrôle de l’ONEM

En Belgique, les sans emploi bénéficiant d’un revenu de remplacement payé par la Sécurité sociale, secteur chômage, sont convoqués dans le cadre de l’activation des chômeurs (aussi appelée la chasse aux chômeurs pour sa propension à surtout exclure plutôt que «réinsérer» dans l’emploi). La Belgique, est seulement partiellement régionalisée (au grand dam des nationalistes flamands), le paiement des allocations de chômage est géré au plus haut niveau de l’Etat, par la Sécurité sociale fédérale, mais les offres d’emploi, le suivi et l’orientation des sans emploi sont des missions confiées aux pouvoirs régionaux, ce qui signifie un nombre incalculable de kwaks administratifs entre l’ONEM et le Forem (Région wallonne), Actiris (Région de Bruxelles-Capitale) et le VDAB (Région flamande).

 

Comment ça marche

Dans le cadre du plan d’activation du comportement de recherche d’emploi, les services de l’emploi régionaux (Forem ou Actiris ou VDAB) convoquent le chercheur d’emploi à une séance d’information collective puis à un ou deux rendez-vous individuels, espacés dans le temps, qui se concluent inévitablement par la signature de « contrats de recherche d’emploi » successifs reprenant la liste des démarches que le service régional de l’emploi a prévu dans son système informatique, programme pensé par des chercheurs d’emploi aguerris… des années 70! Dans ce contrat de démarches administratives, le service régional inscrit la visite de ses propres services obligatoirement, au choix : conseillers en formation, conseillers Eures, conseillers en langues, etc.

Ainsi on promène le sans emploi dans tous les services régionaux de l’emploi, tous plus inutiles et relativement incompétents les uns que les autres, afin que ces services présentent annuellement des statistiques de fréquentation élevée, – justifiant ainsi leur maintien voire leur croissance -, mais aucune mesure réelle de leur efficacité à aider le sans emploi à décrocher le sacro-saint Graal : un job!

 

Ces services ont aussi développé des formations pour sans emplois et ils en assurent le succès par le fait de systématiquement sur-former des gens déjà qualifiés à des compétences qu’ils ont déjà. Dingue, incohérent ? Du tout, très cohérent au contraire, si on veut afficher des résultats dignes du score à l’élection du candidat unique dans une république bananière!

Imbroglio administratif Forem-ONEM

Madame A. privée d’emploi reçoit des allocations de chômage au taux chef de ménage (ce qui signifie qu’elle élève seule un ou des enfants).

Elle est syndiquée et est informée qu’elle est dans la tranche d’âge que l’ONEM contrôlera bientôt. Ne voyant aucun courrier venir de l’ONEM au bout de quelques mois, elle s’inquiète et téléphone elle-même à son syndicat pour savoir si elle sera bientôt convoquée.

A sa grande surprise, elle apprend que oui, le syndicat lui communique la date: le 18 mai 2010.

Erreur de la part de l’ONEM dans l’envoi de la convocation au premier contrôle. Pour diminuer les coûts, l’ONEM n’est pas tenu d’envoyer la convocation par recommandé, dommage car on ne peut pas prouver qu’on n’a pas reçu un courrier de l’ONEM, surtout si on est chômeur, ce n’est pas qu’on croit un chômeur sur parole, surtout à l’ONEM…

Elle se présente donc à son rendez-vous accompagnée par un délégué syndical et tout se passe très bien, elle sera reconvoquée dans 16 mois, comme la procédure le prévoit, si elle n’a pas trouvé d’emploi à temps plein d’ici-là (oui, les temps partiel passent aussi à la moulinette).

Cependant, elle a reçu aussi une convocation du Forem pour la séance d’information relative à l’activation pour le … 27 mai 2010.

Forem 27 mai 2010 convocation-attestation

Bureaucratie oblige, toute convocation doit être honorée de sa présence, sauf bonne excuse, comme par exemple un certificat médical. En effet, les services publics n’intègrent pas dans leur programme informatique la possibilité qu’ils commettent une erreur … La présence du chômeur est dûment communiquée par les services régionaux de l’emploi à l’ONEM qui tient ainsi à jour à son « casier » non pas judiciaire mais bien social. Tout manquement peut évidemment entraîner une sanction du bénéfice des allocations de chômage (il n’y a pas de petit profit !)

En résumé, l’activation des chômeurs est une grosse machine bureaucratique qui paient énormément de gens pour «activer le comportement de recherche des chômeurs et les contrôler » ce qui se traduit dans la réalité par une série de démarches définies sans objectifs de résultat : à savoir caser un chômeur dans un emploi!

CQFD

« On ne vous demande pas de trouver un emploi, on vous demande de prouver que vous cherchez activement » martèlent les syndicats comme s’il y avait de quoi être fier de participer au délire totale de politiciens véreux, idéologues d’un capitalisme sanguinaire créateur de misères, acoquinés au patronat, dont le seul objectif est d’étouffer toute révolte sociale et pousser le chômeur à accepter n’importe quel salaire et conditions de travail avec une méthode éculée pour le moins appropriée et totalement adéquate : la tactique de la carotte et du bâton, le tout saupoudré d’une certaine forme de complicité-duplicité syndicale.

Parce qu’au fond, on élude ici le vrai problème : la pénurie d’emploi voire pire, l’inadéquation de la qualité de la main-d’œuvre aux délires patronaux qui voudraient qu’on travaille au salaire minimum bulgare (240 BGN ou 122,57 EUR – vive l’Europe sociale qui tire vers le haut!) mais qu’on ait 3 métiers et une flexibilité totale …

Si l’obligation de chercher du boulot était remplacée par l’obligation de trouver un emploi endéans les 12 mois suivants, les politiciens seraient alors obligés d’avouer qu’il n’y a plus d’emploi pour tout le monde ; les organisations patronales ne pourraient plus le nier non plus et n’auraient plus d’arguments à avancer pour réclamer plus de réductions des coûts salariaux, pour en réalité s’enrichir alors qu’elles prétextent créer de l’emploi…

Ce serait la fin du mensonge et de la double contrainte dans laquelle on plonge les sans emploi, en les culpabilisant individuellement d’une situation créée mondialement par un patronat cupide et radin, qui veut faire baisser le coût du travail par la pression de la masse de chômeurs et … Ca marche ! C’est même la dégringolade des salaires couplée à celle du pouvoir d’achat (merci la crise, bel alibi!).

L’activation est juste une machine qui vise à maintenir les chômeurs assez occupés pour qu’ils ne se révoltent pas (pour combien de temps encore?). Et les sanctions et exclusions servent, elles, à réaliser des économies sur les coûts du chômage pour l’Etat, sans en mesurer évidemment l’impact social local, ce que dénoncent à corps et à cri, les CPAS (le système d’assistance financière réduite pour ceux qui n’ont pas droit à la Sécu, géré par le pouvoir communal).

En gros, il n’ y a rien de moral et de civique à la chasse aux chômeurs, ni même le fait de débusquer de la fraude sociale, de la fraude de survie, incomparable en terme de montant avec les milliards d’évasion et de fraude fiscale des entreprises. Les contrôleurs de l’ONEM sont des gagnes-petits.

Maintenant que les travailleurs souffrent de plus en plus, la tentation de préférer taper sur le plus faible plutôt que le fort est de plus en plus palpable.

La seule réponse : refuser de laisser se dégrader les conditions de travail et les salaires!

Se battre, encore et toujours.

Ne pas courber l’échine et refuser de trimer comme un con pour pas un rond ou de signer un accord interprofessionnel totalement inacceptable.

La vie est assez dure comme cela sans en plus s’affronter au sein même de la classe des déclassés : celle qui rassemble, – même s’ils ne veulent pas l’admettre -, travailleurs, chômeurs et minimexés.

Corine Barella

 

Article : Corine Barella’s EU & Belgian Social Affairs Blog

6 comments

  • wuidard JP

    Bravo Corine pour cet article et continuons à dénnoncer les abus des Bourreaucraties !

  • Marie-Claude

    Bravo Corine. Il faut dénoncer ces abus encore et encore. A quand de vrais emploi avec de vrais salaires et des horaires convenables.

  • Amelia

    Le FOREM ne cherche pas vraiment à aider les chômeurs… et le pire, c’est qu’il leur manque de respect ! J’ai eu affaire à un employé qui m’a raccroché au nez car j’ai OSÉ dire que ce n’était
    pas normal que ma demande ait été oubliée !! Je trouve ça incroyable, ils osent tout car ils sont de toute façon payés !!

  • Mel

    Effectivemment, les Forem, c’est du grand n’importe quoi! Je suis actuellement en train d’y suivre une formation dont l’un des formateurs se permet de faire des réflexions sur le physiques des
    stagiaires, ainsi que de ses collègues. Il m’a même un jour agressée en me criant d’aller dehors (à la pause) et en claquant des doigts!!!

    J’ai donc décidé d’en parler à une autre formatrice qui me semblait plus correcte, puis j’ai demandé au secrétariat pour avoir un rdv avec la directrice du centre, car ça continuait les
    grossieretés.. Evidemment, la secrétaire s’est empressée d’aller raconter à ma formatrice que j’avais demandé un rdv avec la responsable! Manque de respect exagéré! J’ai l’impression qu’ils se
    croient tout permis et que nous sommes considérés comme des esclaves

    Pour l’instant, il me reste 4 semaines à subir et le pire c’est que le reste du groupe trouve trouve que j’exagere à me plaindre, alors qu’entre eux ils disent que le formateur exagère. Ils sont
    soumis à autorité et maintenant ces gens me rejettent. La formatrice que je croyait positive commence à m’agresser, elle aussi. Les autres stagiaires ne rouspètent JAMAIS quand le formateur nous
    agresse avec ses grossièretés sexuelles et autres. C’est exactemment le même fonctionnement que celui d’une secte! Et ici je deviens le bouc émissaire, car j’ai osé défendre mes droits. C’est
    également comme ça que ca se passe dans les sectes… :O

    Voilà mon expérience. Il ne faut surtout pas se laisser faire, voilà ce que je vous conseille! Il faut réagir, car nous avons des droits!!!! Et ça, il faut arrrêter de l’oublier, car si tout un
    groupe réagissait, les employés des Forem se tiendraient mieux et les pires seraient licenciés. Ce qui serait normal, au vu de leurs comportements. Nous serions beaucoup mieux respectés et tout
    fonctionnerait normalement!

  • numa

    Le 25 février, à 13h, à l’appel du réseau Stop Art.63§2 devrait se dérouler dans 6 villes différentes de Belgique une action concertée et en tout cas simultanée, pour revendiquer l’abrogation de
    l’article 63§2, la réintégration des exclus dans leur droit aux allocations d’insertion et le refus des nouvelles mesures touchant le droit d’accès à ces allocations.

    Aller voir sur site http://www.stop632.be

  • amélie

    De bonne volonté, je vais au forem me réinscrire en temps que demandeuse d emploi. Fière d avoir déjà décroché, pendant mon préavis, une formation forem en secrétariat, je rentre dans le bureau confiante. Douche froide immédiate, puisque j ai eu affaire à un employé sans aucune compréhension. Tout ce qu il a eu à dire, c était qu apparemment j avais refusé *énormément* d offres et que je m étais soi disant inscrite à une école de compta dans une autre ville que la mienne( euh …. alors là, je bloque…) en …. 2010 !
    A savoir que je me suis inscrite brièvement au forem ( 3 semaines au plus ) cette année là, et que j avais refusé mes allocations de chômage puisque j avais déjà une promesse de contrat, WTF ?!
    J ai eu beau poser des questions, il n a pas prétendu y répondre sauf par : surveillez votre boîte aux lettres , on vous convoque ….
    Forem: soutient aux demandeurs et réponses aux questions que l on se pose …. mouais ….
    En attendant, y a plus qu a attendre de voir un conseiller sous convocation pour en savoir, je l espère, un peu plus ….
    Quelle mascarade, ça oui !

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