Les trisomiques doivent s’inscrire comme… demandeurs d’emploi!

Pascal Scarsé, 46 ans, est demandeur d’emploi. C’est son père, Joseph, qui a rempli tous les papiers. Pourquoi ? Parce que Pascal est atteint de trisomie 21… Un handicap qui, apparemment, n’est pas suffisant pour éviter la case chômage ! Pascal devra, comme n’importe quel demandeur d’emploi, voir une assistante sociale avant d’être déclaré inapte et récupérer son revenu de remplacement en tant que personne handicapée. Aberrant pour son père !

 

 Pascal Scarsé, avec sa maman Monique, a dû s’inscrire comme demandeur d’emploi !

David Claes
Pascal Scarsé, avec sa maman Monique, a dû s’inscrire comme demandeur d’emploi !

 

Joseph Scarsé et son épouse Monique n’en reviennent toujours pas : ils ont dû inscrire Pascal, leur fils trisomique de 46 ans, comme demandeur d’emploi. Comme n’importe qui qui se retrouverait sans travail, comme si son handicap n’existait pas : « Moi, c’est pour ça que je me bats ! Pour que l’on reconnaisse son handicap ! Mon fils n’est pas un travailleur comme les autres. Il n’est pas normal qu’il doive passer par toutes ces étapes pour avoir droit à son allocation. Et ce n’est pas une question d’argent car il est possible qu’il gagne plus au chômage qu’avec sa pension ! En fait, s’il n’avait jamais travaillé, il toucherait toujours cet argent… »

Parce que le courage, c’est quelque chose que Pascal connaît ! Malgré son handicap, il a fait le choix de travailler : « Pendant 26 ans, il a été manutentionnaire dans un atelier protégé de Pont-à-Celles, à l’ASBL APAC. Il n’a jamais raté un jour de travail. Sur la fin, il devait même se lever à 5h30 pour être à l’heure au travail. C’était devenu trop lourd pour lui. Le handicap et l’âge, ça devenait difficile. C’est pour ça que, en accord avec son employeur, on a mis fin à son contrat. »

Naturellement, Joseph se tourne vers le SPF Sécurité Sociale, département de la personne handicapée : « Pascal avait droit à deux pensions. Une d’intégration de la personne handicapée et une de revenu de remplacement. Dans les années 90, il a perdu la seconde parce qu’il était rémunéré via son emploi en atelier protégé. À partir du moment où il n’avait plus cet emploi, je pensais qu’il me suffisait de redemander au SPF Sécurité Sociale de lui rendre sa seconde pension… »

Et bien non ! Quelques jours plus tard, il a reçu un appel d’un fonctionnaire lui expliquant qu’il devait inscrire son fils à l’ONEM et au Forem : « Il ne sait ni lire ni écrire mais il est censé s’inscrire au chômage ! Je me suis rendu au Forem avec lui et ai donc rempli ses papiers… Il est donc considéré comme un demandeur d’emploi ! Est-ce qu’on va l’obliger à chercher un travail ? Est-ce que je vais devoir attendre qu’il soit exclu du chômage pour qu’il récupère sa pension ? Et s’il n’avait plus eu ses parents, comment aurait-il fait pour toutes ces démarches ? J’ai contacté l’ONEM, le Forem, la sécurité sociale pour avoir des réponses… Mais jusqu’ici, pas de nouvelles. »

Que Joseph et Monique se rassurent cependant, Pascal ne sera sans doute pas soumis aux mesures d’accompagnement des chômeurs et ne sera donc pas obligé de chercher un travail. En fait, comme Pascal a travaillé, il a droit aux allocations de chômage comme n’importe quelle personne qui a travaillé : « Il va rencontrer une assistante sociale », explique Julien Doyen, du Forem de La Louvière. « En fonction de son degré d’autonomie, il sera dispensé de rechercher un emploi. Le cas échéant, des médecins pourraient aussi remettre un avis. »

Son éventuel revenu de remplacement sera seulement ensuite calculé en fonction de ses allocations de chômage. Mais l’ONEM peut aussi estimer que la personne n’est pas apte à recevoir un revenu. Dans ce cas, c’est le revenu de remplacement du SPF Sécurité Sociale, direction générale de la personne handicapée, qui prend le relais. Ce sera sans doute le cas pour Pascal. En somme, il aura d’abord dû s’inscrire à l’ONEM, au Forem, rencontrer une assistante sociale et peut-être des médecins pour en arriver à… ce que son père demande depuis le début. « C’est par souci d’équité », nous explique-t-on au SPF Sécurité Sociale, « car la législation est la même pour tous les types d’handicap ».Une procédure malgré tout bien longue et compliquée, surtout pour une personne qui, fatalement, n’a pas les capacités de la comprendre.

Article: Sudinfo.be

One comment

  • Gigi

    Je connais le monde des Trisomiques, ils sont capable de faire de belles choses de leur dix doigts, certains travaillent dans des ateliers protégés, ils exécutent certains travaux, certains
    savent lire, d’autres feuillettent le bottin téléphonique ou des revues page par page sans savoir lire un seul mot, d’autres passent leur temps et s’appliquent à dessiner toute la journée.

    Quand ils font ce qu’ils aiment, ils sont heureux.

    Quand ils travaillent, c’est obligatoire qu’ils apprennent les gestes qu’ils doivent faire, ça prend du temps et leurs éducateurs sont derrière eux en permanence pour éviter les accidents.

    Ce n’est pourtant pas difficile de voir leur handicap !

    Exiger des personnes trisomiques qu’ils s’inscrivent à l’Onem, au Forem, etc… C’est une belle infâmie.

    Il est temps de dire aux décideurs qu’ils revoient leurs copies !

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